J’ai donné il y a quelques années un cours de Leadership Éthique dans une école de commerce en région parisienne. En travail final, j’ai demandé aux étudiants, sur la base de tout ce qu’ils avaient vu durant les différentes sessions, d’inventer de nouvelles activités et/ou de nouveaux business models, qui prennent en compte et répondent aux grands enjeux mondiaux humains et environnementaux. Une quinzaine de nationalités étaient représentées dans ce cours, des étudiants issus de tous les continents. Tous ont trouvé des idées innovantes. Certains projets étaient particulièrement créatifs et audacieux. Tous étaient faisables, avec un modèle d’activité permettant à ses acteurs de vivre dignement en contribuant à un mieux dans le monde, sans dépendre de dons ou de donations, et seuls 3 s’étaient inspirés de propositions existantes.
Pour autant, le démarrage n’a pas été évident : malgré toutes les heures de cours, les démonstrations logiques et les exemples concrets, aucun n’arrivait à concevoir qu’ils pouvaient avoir une activité positive et constructive, qui réponde véritablement aux besoins essentiels des êtres humains… qui ne soit pas une ONG. Je leur ai expliqué que pour avoir un impact à grande échelle, sur le long terme, ils ne pouvaient pas dépendre de subventions ou de dons, et qu’ils avaient besoin de développer une activité dont ils puissent vivre. Je leur ai rappelé ce qu’ils avaient expérimenté en cours – leur fabuleux potentiel et leur envie d’un mieux dans le monde – et ils ont trouvé.
De la Chine aux USA en passant par la Turquie, la Bolivie, l’Allemagne, Singapour, et tant d’autres pays, c’était au début comme s’ils n’avaient pas pu s’autoriser à voir grand, à concevoir autre chose que ce qui existe déjà. Or nous ne pouvons créer que ce que nous concevons.
Comme si, en dépit des démonstrations logiques et de nombreux exemples concrets, ils n’avaient pas pu concevoir qu’ils pouvaient imaginer quelque chose de beau, de riche, où ils se fassent plaisir en contribuant à un mieux pour eux et tout autour d’eux.
Car c’est de cela qu’il est question, d’avoir plaisir à créer quelque chose de positif et constructif pour nous et pour tous, pas de souffrir pour les autres.
Et pourtant j’aurais pu m’y attendre : il m’a fallu 20 ans de vie professionnelle pour m’autoriser à concevoir que moi aussi je pouvais avoir un impact positif et un travail qui me fasse danser de joie. Je le constate aussi avec les dirigeants, manageurs, entrepreneurs que je forme et accompagne.
Une grande partie du travail est là : nous autoriser chacun à concevoir que nous avons la capacité d’agir, et voir grand. A avoir de la joie à avancer sur ce chemin du sens, chemin que nous n’avons guère été encouragés à suivre.
La clé est dans le ressenti, pas dans la formation, les diplômes, ou le regard des autres… Quand le déclic est là, la porte commence à s’ouvrir en nous, nous ressentons l’élan, la joie à la perspective de ce qui sera créé, et les vannes de la créativité s’ouvrent pour les modalités.
Bien sûr le chemin de la concrétisation est souvent long, semé de moments précieux, de belles rencontres, de réussites magnifiques, et de moments plus ardus aussi 😉. Maintenant, sans cette vision, nous n’allons nulle part, et certainement pas dans le sens qui nous tient à cœur.
C’est une des raisons qui m’ont donné envie de créer Switch for Good : permettre à tous ceux qui en ont envie, à vous qui me lisez, de se reconnecter régulièrement à cet élan qu’au fond nous avons tous, de contribuer à un monde plus respectueux de la vie et des êtres humains, et à notre capacité à le faire. De ressentir jour après jour cette envie et, jour après jour, de concrétiser un peu plus.
Nous autoriser à concevoir que nous pouvons avoir des envies et les concrétiser.
Et bien entendu, me nourrir de récits qui font du bien, j’aime aussi ! Je vous en partage deux en particulier :
- version film : Avatar - à revoir en passant les scènes de bataille pour vous laisser emporter par la symbiose entre les Naavis et leur planète
- version livre : Ecotopia, un livre écrit il y a 50 ans et que j'ai découvert il y a 5 ans environ, d'une brûlante actualité, qui propose une autre façon de vivre, que je vous laisse découvrir 😉
Maintenant, la question la plus importante est celle-ci, qu’allez-vous oser aujourd’hui ? De quoi avez-vous vraiment envie, et quel premier pas (ou deuxième, ou millième) allez-vous faire,… et célébrer !
Je vous souhaite une belle journée,
Gwenola